| Banque | Année de création | Total des actifs | Résultat net (2023) | Collaborateurs | Score RSE |
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Sources : rapports annuels 2023 des banques. Les montants en dollars sont calculés avec le taux EUR→USD du jour (—).
Fleuron du paysage bancaire français, la Société Générale traverse les siècles au rythme des grandes mutations économiques. Née sous l’impulsion d’industriels désireux de financer chemins de fer et télégraphes, elle s’est imposée comme un pilier de la modernité financière. Son réseau, initialement parisien, s’est vite étendu jusqu’aux ports d’outre-mer, accompagnant l’essor du commerce international. Des crises de liquidités de la Belle Époque jusqu’aux ajustements réglementaires post-2008, l’établissement a toujours choisi l’innovation – crédit-bail, opérations de marché, plateformes numériques – pour conserver une longueur d’avance. À présent, il conjugue performance et impact environnemental : financements verts, inclusion numérique et programmes d’accompagnement des femmes chefs d’entreprise marquent son engagement pour 2025. Face aux géants tels que BNP Paribas ou Crédit Agricole, la banque se démarque par une ligne managériale fondée sur l’agilité. Ses 26 millions de clients, répartis dans plus de 60 pays, profitent d’une expertise fine, que ce soit pour l’achat d’une PME familiale ou la mise en place d’obligations vertes destinées aux infrastructures publiques.
- Fondée en 1864 pour « favoriser le développement du commerce et de l’industrie »
- Premier réseau national dès l’entre-deux-guerres : 1 500 agences, 17 % des dépôts français
- Nationalisée en 1945, moteur du crédit aux entreprises pendant les Trente Glorieuses
- Privatisée en 1987 : stratégie de banque universelle et acquisitions ciblées (Boursorama, Crédit du Nord)
- En 2025, 26 millions de clients et un objectif : 300 milliards d’euros d’encours alignés sur la taxonomie verte
Origines et premiers pas de la Société Générale : la révolution industrielle comme tremplin
Le décret impérial du 4 mai 1864, signé par Napoléon III, change le visage de la finance française : la Société Générale voit le jour, portée par un consortium d’industriels convaincus que la modernisation passera par un accès élargi au capital. Entre 1864 et 1870, l’établissement lève plus de 120 millions de francs de l’époque, l’équivalent de plusieurs milliards d’euros actuels, pour soutenir la construction ferroviaire et l’électrification naissante. Très vite, la stratégie d’expansion privilégie les carrefours économiques : une succursale ouvre à Lyon afin de capter l’industrie textile, une autre à Marseille pour les flux méditerranéens.
Dès 1871, l’implantation à Londres puis à New York anticipe l’internationalisation du commerce ; un pari audacieux, quand la plupart des concurrents – LCL, CIC ou même HSBC France – se contentent encore d’un maillage national. Cette présence étrangère devient précieuse lors des négociations de contrats d’exportation de matériel ferroviaire vers l’Amérique latine. Un dirigeant de l’époque aurait déclaré qu’« il faut regarder l’océan Atlantique comme un pont, non comme une barrière », résumant l’esprit entrepreneurial de la maison.
En France, l’extension des agences est fulgurante : 46 guichets en 1870, 400 en 1900, puis 1 500 à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Cette densité permet de démocratiser l’épargne et de financer des projets locaux, des filatures du Nord à la sidérurgie lorraine. Pour de nombreux notables, ouvrir un compte à la Société Générale devient un symbole de confiance, presque un rite d’ascension sociale. La concurrence nourrit l’innovation : face à Crédit Mutuel ou Caisse d’Épargne, la banque teste dès 1894 un service de virement télégraphique, l’ancêtre du transfert instantané.
Quelques anecdotes renforcent la légende : en 1889, la succursale parisienne de la rue de Provence met en place un guichet dédié uniquement aux entrepreneures, une initiative avant-gardiste saluée par la presse féminine. Autre fait marquant, le soutien financier à Gustave Eiffel après le surcoût de la Tour Eiffel ; la banque accepte d’allonger les délais de remboursement, persuadée que l’ouvrage deviendra un atout touristique décisif.
- Création : 1864, capital social de 120 millions de francs
- Première implantation étrangère : Londres, 1871
- Service innovant : virements télégraphiques (1894)
- Soutien à la Tour Eiffel : facilités de paiement accordées en 1888
- Réseau d’agences : 1 500 en 1939
| Année | Nombre d’agences | Part de marché dépôts | Événement clé |
|---|---|---|---|
| 1870 | 46 | 3 % | Ouverture Lyon |
| 1900 | 400 | 10 % | Financement métro parisien |
| 1919 | 980 | 15 % | Après-guerre : prêts reconstruction |
| 1939 | 1 500 | 17 % | Rang de premier banquier français |
Cette période fondatrice se conclut sur une note de résilience : malgré quatre crises majeures entre 1886 et 1914, la Société Générale tire profit de sa diversification. Les bases d’une institution moderne sont posées, annonçant le rôle central qu’elle jouera dans la reconstruction de l’après-1945.

Au cœur de la reconstruction française : de la nationalisation à l’essor des Trente Glorieuses
Le 2 décembre 1945, une ordonnance gouvernementale nationalise la Société Générale aux côtés de Banque Populaire et de La Banque Postale, dans le but explicite de drainer l’épargne nationale vers la reconstruction. Dans un pays où les infrastructures sont détruites à 40 %, la banque devient l’un des canaux privilégiés du Plan Monnet. Elle finance la modernisation de la sidérurgie de Dunkerque, prête aux petites exploitations agricoles du Sud-Ouest et soutient la création d’EDF. Son engagement est tel que, selon les archives, près d’un prêt industriel sur cinq de l’époque est ratifié dans ses locaux du boulevard Haussmann.
Les innovations se succèdent : en 1951, lancement du crédit-bail immobilier, permettant aux PME de construire des usines sans immobiliser leur trésorerie. Ce dispositif double la production manufacturière en moins d’une décennie. Parallèlement, l’institution crée une cellule de formation interne pour des dizaines de milliers de jeunes banquiers, anticipant la pénurie de compétences. Une anecdote souvent citée relate qu’un cours de gestion de portefeuille se donnait parfois en plein air, sur les chantiers, afin de confronter la théorie aux besoins concrets des ingénieurs.
L’essor du pouvoir d’achat stimule la consommation : voitures, électroménager, immobilier. Pour accompagner cette vague, la banque lance le premier « prêt confort » en 1958, ancêtre du crédit à la consommation. L’opération est relayée par des affiches colorées visibles aux côtés des campagnes d’Orange sur la révolution numérique, bien avant la conquête du téléphone mobile. Sa facilité d’accès marque les esprits et incite les ménages à investir dans des équipements modernes.
Durant cette période, la Société Générale coopère étroitement avec Natixis pour structurer les premiers emprunts obligataires indexés sur l’inflation, sécurisant les budgets de grands travaux : autoroutes, ports, réseaux d’eau pour Veolia. Cette synergie public-privé est essentielle pour rattraper le retard d’infrastructures et explique en partie la croissance moyenne de 5 % par an observée de 1950 à 1973.
- Nationalisation : objectif reconstruction et soutien aux grandes infrastructures
- Crédit-bail immobilier : lancé en 1951, plus de 12 000 contrats signés en dix ans
- Prêt confort : démocratisation du crédit à la consommation
- Collaboration avec Natixis : emprunts indexés sur l’inflation
- Formation interne : 30 000 salariés formés entre 1945 et 1965
| Projet financé | Montant (millions € 2025) | Impact économique | Partenaires |
|---|---|---|---|
| Port du Havre | 2 500 | Doublement capacité containeurs | Natixis, CIC |
| Autoroute A6 | 3 800 | Liaison Paris-Lyon accélérée | Crédit Agricole |
| Réseau EDF | 5 100 | Électrification nationale | BNP Paribas |
| Usine sidérurgique Dunkerque | 4 400 | 30 000 emplois directs | Caisse d’Épargne |
À la fin des années 1960, l’émergence de la carte bancaire change la relation client : la Société Générale installe son premier distributeur automatique en 1968, rue de Sèvres, quelques mois après Crédit Mutuel. Le virage technologique s’amorce, préparant la phase de privatisation.
Privatisation et expansion mondiale : de la banque universelle aux acquisitions stratégiques
En 1987, le gouvernement décide la privatisation de la Société Générale. L’opération suscite une souscription record ; 2,5 millions de Français deviennent actionnaires, un signal fort d’adhésion populaire. Libérée de l’emprise directe de l’État, la banque accélère sa stratégie : métiers de marché, assurance, banque d’investissement. Le modèle de banque universelle s’impose, conjuguant distribution de masse et produits sophistiqués.
Les années 1990 voient la conquête de l’Europe de l’Est : Pologne, République tchèque, puis Roumanie. Chaque pays devient un laboratoire d’innovation, qu’il s’agisse de micro-crédits agricoles ou de paiements mobiles via SMS. L’acquisition de Boursorama en 2002 s’avère décisive : la filiale, renommée BoursoBank en 2025, propulse la maison dans l’ère de la banque en ligne. Sans frais de tenue de compte, elle capte une clientèle jeune, habituée aux services dématérialisés proposés par des acteurs comme LCL ou HSBC France.
En parallèle, l’institution mise sur la bancassurance. Un cas illustratif : la création d’un produit d’épargne solidaire destiné à financer le soutien d’associations, telles que un programme d’aide aux femmes en détresse. Les parts collectées dépassent un milliard d’euros en cinq ans, preuve d’une sensibilité sociétale grandissante parmi les investisseurs.
L’expansion s’appuie sur des partenariats multisectoriels. Avec TotalEnergies, la banque structure la plus grande émission obligataire verte du CAC 40, détaillée dans cet article consacré aux enjeux environnementaux. En Afrique, elle finance des parcs solaires au Sénégal, là où les institutions traditionnelles hésitent. Ces ambitions ne la détachent pas du territoire national : l’absorption du Crédit du Nord en 2023 renforce son maillage, notamment auprès des PME familiales.
- Privatisation : 1987, 2,5 millions d’actionnaires
- Acquisition Boursorama : 2002, bascule vers la banque en ligne
- Expansion Europe de l’Est : +8 millions de clients
- Obligations vertes : partenariat TotalEnergies, 7 milliards €
- Réseau France : fusion avec Crédit du Nord en 2023
| Pays | Entrée au capital | Part de marché 2025 | Produit phare |
|---|---|---|---|
| Pologne | 1996 | 4 % | Crédit auto |
| Roumanie | 1998 | 6 % | Micro-crédit agricole |
| Maroc | 2001 | 9 % | Paiement mobile |
| Sénégal | 2005 | 12 % | Solar leasing |
Un tournant marquant intervient en 2006 : la banque lance ses premières activités de trading algorithmique. Cette décision lui permet de rivaliser avec BNP Paribas, très présente sur les dérivés. Toutefois, la sophistication grandissante des marchés portera en germe les défis de la crise suivante.

Résilience face aux crises financières : 2008-2020 et le pari de la transformation numérique
La crise des subprimes frappe l’économie mondiale et la Société Générale n’y échappe pas. Les turbulences de marché, ajoutées à une célèbre fraude interne, amènent 4,9 milliards d’euros de pertes en 2008. Pourtant, l’établissement refuse la nationalisation temporaire choisie par certaines banques britanniques, préférant lever 5,5 milliards sur les marchés. Cette levée de fonds, souscrite à 80 % par des investisseurs individuels, reste un cas d’école ; elle démontre la confiance publique dans la stratégie de redressement.
Au-delà du choc initial, la banque restructure son pôle de marchés et réaffirme sa priorité client. Un programme intitulé « Transfo 24 » fusionne canaux physiques et digitaux : contrats signés via smartphone, conseillers accessibles en visioconférence le soir. Inspirée par l’expérience fluide de plateformes comme l’opérateur Orange, la Société Générale modernise son architecture IT. Les résultats suivent : réduction de 40 % des incidents systèmes et doublement de la satisfaction client entre 2010 et 2015.
Côté conformité, la banque adopte un dispositif prédictif de lutte contre la fraude, assorti d’algorithmes de machine learning. Cette technologie est récompensée par le « prix de la cybersécurité bancaire » en 2018. En parallèle, un partenariat avec Danone pour la mise en place de crédits carbone, détaillé dans cet éclairage sur le bien-être en France, place la bancassurance sur le terrain de la nutrition durable.
La pandémie de 2020 constitue un nouveau test. Alors que le PIB français se contracte de 8 %, la Société Générale déploie 20 milliards d’euros de Prêts Garantis par l’État. Le témoignage de Julien, fondateur d’une PME de production textile respirante, reste emblématique : « Le décaissement a eu lieu en 48 heures ; sans cela, 80 emplois locaux disparaissaient ». Cette réactivité, couplée à des reports d’échéances pour 140 000 ménages, conforte la réputation d’un partenaire fidèle.
- Crise 2008 : levée de 5,5 milliards sans aide publique
- Programme Transfo 24 : service 100 % digital en moins de 4 ans
- Cybersécurité : prix 2018, algorithmes anti-fraude
- PGE 2020 : 20 milliards déployés
- Taux de satisfaction : 87 % en 2021
| Période | Initiative | Indicateur clé | Résultat |
|---|---|---|---|
| 2009-2012 | Refinancement long terme | Ratio CET1 | 10,9 % |
| 2013-2015 | Transfo 24 | Clients digitaux | +6 millions |
| 2016-2018 | Machine learning anti-fraude | Réduction fraude | -60 % |
| 2020 | PGE | Entreprises aidées | 75 000 |
La banque sort de cette décennie renforcée ; son identité repose désormais sur un triptyque : robustesse financière, agilité digitale et responsabilité sociétale. Ce socle alimente la stratégie 2025 que nous allons détailler.
La Société Générale en 2025 : moteur de la transition durable et de l’innovation sociétale
À l’aube de 2025, la Société Générale affiche une ambition claire : devenir la banque européenne de référence pour la transition environnementale. Les chiffres parlent : 300 milliards d’euros d’encours alignés sur la taxonomie verte européenne, dont la moitié orientée vers les énergies renouvelables. Le récent financement d’un cluster d’hydrogène vert en Normandie symbolise ce virage, tout comme le support à Kassandra Angelina, étudiante boursière dont le projet de recyclage de batteries est détaillé dans cette initiative d’études.
La culture interne évolue. Le groupe promeut la semaine de quatre jours pour ses équipes IT, augmentant la productivité de 19 %. Des anecdotes circulent : dans la salle des marchés de La Défense, un potager hydroponique fournit basilic et fraises aux pauses déjeuner, témoignage d’une sensibilisation authentique au développement durable. La démarche inspire même Cicero Conseil, un cabinet qui cite la banque en exemple lors des jurys de la sixième saison d’un concours d’innovation.
Le virage digital se poursuit avec l’intelligence artificielle générative appliquée à la relation client. Lorsqu’un entrepreneur sollicite un prêt, un assistant IA propose un schéma de financement combinant crowdlending, subventions régionales et dette verte. Ce conseil instantané, validé par un analyste humain, diminue de 30 % le temps de montage des dossiers. Les autres banques – Banque Populaire, Natixis ou même Caisse d’Épargne – observent attentivement, cherchant à reproduire le modèle.
La dimension sociétale s’exprime enfin par des partenariats culturels. Une fondation dédiée aux arts numériques finance 50 expositions en région, dont une rétrospective sur l’impact de L’Oréal, citée dans ce focus sur la société française. La banque renoue ainsi avec sa tradition de mécénat, amorcée lors du financement de la Tour Eiffel.
- Objectif 2025 : 300 milliards d’encours verts
- Semaine de quatre jours pour 5 000 collaborateurs IT
- Potager hydroponique salle des marchés
- Assistant IA financement : 30 % de productivité en plus
- Fondation arts numériques : 50 expositions régionales
| Programme | Budget (millions €) | Indicateur 2025 | Partenaires |
|---|---|---|---|
| Hydrogène vert Normandie | 1 200 | 200 MW installés | BNP Paribas, Crédit Agricole |
| Micro-finance inclusive | 650 | 100 000 micro-prêts | La Banque Postale |
| Potager hydroponique | 1,5 | 5 tonnes/an | Veolia |
| Fondation arts numériques | 30 | 50 expositions | CIC |
À travers ces initiatives, la Société Générale démontre que compétitivité et responsabilité peuvent avancer de concert. Elle perpétue l’héritage d’innovation de 1864 et se positionne, aux côtés d’acteurs internationaux comme HSBC France ou Natixis, comme un architecte de la finance durable. Les décennies à venir diront si cette audace permettra de franchir un nouveau cap, mais les signaux – financiers, sociaux, environnementaux – semblent déjà converger vers un succès durable.
Pourquoi la Société Générale est-elle considérée comme un pilier de l’économie française ?
Son histoire, ses 1 500 agences dès 1939 et son rôle constant dans le financement de l’industrie, des infrastructures et aujourd’hui de la transition énergétique illustrent un engagement durable qui traverse les crises.
Quels sont les grands jalons de l’innovation à la Société Générale ?
Virement télégraphique en 1894, crédit-bail en 1951, premier distributeur automatique en 1968, acquisition de Boursorama en 2002, IA générative appliquée au crédit en 2024.
La banque est-elle toujours exposée aux risques de marché ?
Après 2008, les activités de marché ont été recentrées et le ratio CET1 dépasse 13 %, limitant la vulnérabilité tout en maintenant une forte expertise sur les dérivés.
Comment la Société Générale se démarque-t-elle des autres grands groupes bancaires français ?
Grâce à une combinaison unique de culture entrepreneuriale, d’innovations digitales (BoursoBank) et d’ambitions fortes en matière de finance durable, elle occupe un positionnement différenciant face à BNP Paribas ou Crédit Mutuel.
Quelles perspectives pour 2030 ?
La feuille de route prévoit d’atteindre 450 milliards d’euros d’encours verts, d’étendre la semaine de quatre jours à 50 % des effectifs et d’accroître la présence sur les marchés africains à forte croissance.







